Vous avez certainement entendu parler de CBD, de cannabidiol mais savez-vous vraiment ce que c’est ? Ici, nous vous expliquons d’où vient le CBD, son histoire et le contexte de son utilisation aujourd’hui.
Quel est le lien entre le chanvre et le CBD?
Les propriétés du chanvre offrent une multitude d’opportunités. Parmi celles-ci on peut citer des possibilités d’isolation, de création textile, de production de biocarburant ou encore de papier. En outre, on associe à cette plante connue depuis des millénaires de nombreuses vertus thérapeutiques et médicamenteuses. Cela est dû aux divers composants du chanvre, notamment aux cannabinoïdes.
En effet, les cannabinoïdes représentent un groupe de substances chimiques qui activent les récepteurs du cannabis présents dans le corps humain et chez les mammifères. Ils sont à la base de l’action de la plante sur le corps, que ce soit pour un usage lié au bien être, à but médical ou récréatif. Parmi la centaine de cannabinoïdes connus à ce jour, c’est le fameux cannabidiol (CBD), qui nous intéresse ici.
L’histoire du CBD
La découverte du CBD remonte à l’aube des années 1940, une époque marquée par la révolution chimique. L’isolement des cannabinoïdes est attribuée à Roger Adams ainsi qu’à Alexander Todd, respectivement ancien étudiant d’Harvard puis biochimiste de l’Illinois et prix nobel britannique. Bien que Roger Adams n’ait pas précisément décrit la structure chimique du CBD, le scientifique a passé de nombreuses années sur l’étude du Cannabis Sativa L et il a publié 27 études dans l’American Journal of Chemistry. Et c’est ainsi qu’en 1942, il a obtenu un brevet pour sa méthode d’isolement du CBD.
On connaît également Roger Adams comme le premier chercheur à avoir identifié le tétrahydrocannabinol (THC), après synthétisation en laboratoire grâce à la modification de la structure moléculaire d’autres cannabinoïdes, principalement depuis le CBD.
C’est en 1963, grâce aux travaux de Raphael Mechoulam et Yuval Shvo, que les recherches sur la composition et les principes actifs du chanvre ont pu être approfondies. «Même si la morphine a été isolée de l’opium au début du XIXe siècle et la cocaïne des feuilles de coca au milieu de ce même siècle, la chimie du cannabis n’était pas tellement connue», a expliqué le Professeur Mechoulam au cours de son exposé à l’Observatoire Espagnol du Cannabis Médical à Madrid en 2016.
Puis à partir de 1969, les premières études sur les effets du CBD ont été menées en collaboration avec une équipe de Sao Paulo. Les premiers résultats démontraient l’efficacité du CBD pour traiter certaines formes d’épilepsie. Et en cinquante ans de recherche, les travaux du Professeur Mechoulam et de son équipe s’attachent surtout à élucider les mécanismes d’action des cannabinoïdes ainsi qu’à isoler leur structure ce qui permet d’analyser la synthèse de nouveaux composés pour tester des traitements contre la douleur, le stress, l’anxiété, l’inflammation, l’hypertension artérielle et le cancer. Tout au long de sa carrière, le chercheur a publié près de 300 articles scientifiques sur le sujet.
Le CBD aujourd'hui
En janvier 2018, l’Agence Mondiale de l’Antidopage (AMA) retire le CBD de la liste des substances interdites. De cette manière, l’AMA permet à de nombreux sportifs de haut niveau – comme le cycliste américain Andrew Talansky – d’en revendiquer publiquement les bienfaits. La position de l’AMA est suivie un an plus tard par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). [Vous pouvez consulter ce rapport en scannant le QR code ci-dessous]. L’OMS a également sollicité l’Organisation des Nations Unis (ONU) afin de permettre un accès plus souple aux diverses alternatives bien-être et thérapeutiques que présente le CBD. Un vote initialement prévu le 3 mars 2019 s’est vu amendé et reporté à décembre 2020.
Dans les années 1990, de nombreuses structures, comme la Wo/Men’s Alliance for Medical Marijuana (WAMM) au nord de la Californie, ont vu le jour. Ces organisations partaient d’une dynamique souhaitant répondre à une demande précise de la population: permettre un accès alternatif aux chimies synthétiques.
“Dans la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, le cannabis thérapeutique peut apporter un confort non-négligeable et éviter le recours à des médicaments contre la douleur, comme les opioïdes (…) qui peuvent conduire à une dépendance, une addiction, voir des overdoses et des décès (…) En Israël, des compagnies ont identifié des plants bien précis : ça se vend et s’est proposé à la population générale pour traiter des douleurs, des troubles d’anxiété, du sommeil (…)– Dr Philippe Arvers, addictologue (Silence Ça Pousse, France 5, 20 Mai 2019)
En France, la culture du chanvre est historique voire ancestrale : la plante était inscrite dans la pharmacopée française jusque dans les années 1950, ses vertus connues depuis des milliers d’années. On pouvait en retrouver dans les bouteilles de vins des gaulois, la plante agissant alors comme conservateur.
Aujourd’hui, c’est le département de la Creuse qui s’est montré comme le plus apte à expérimenter une exploitation totale de la plante à des fins bien-être et thérapeutiques.
Par ailleurs, de nombreux élus et producteurs répondent au défi lancé par Eric Correia, le Président de la Communauté d’Agglomération du Grand Guéret et le Conseiller Régional de la Région Nouvelle Aquitaine. Pour lui, la rentabilité du cannabis thérapeutique « est de 2.500 euros l’hectare contre 300 euros pour du blé ! ».
Vous pouvez retrouver son intervention du 19 février 2020 en cliquant ici.
Lors d’une conférence de presse à la Réunion le 25 octobre 2019, Emmanuel Macron a souligné que l’exécutif était “plutôt favorable à ça” et que l’ancienne Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est “saisie de ce sujet, est en train d’y travailler (…) Plusieurs filières agricoles en France hexagonale – je pense à la Creuse et quelques autres territoires (…) plusieurs acteurs ont commencé à y travailler”.
Le Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC) permet justement d’entamer un dialogue avec les autorités pour le développement sécurisé de cette filière et un renouveau de sa culture. Cela notamment à travers des missions d’information auprès de l’Assemblée Nationale. Les divers intervenants ont été auditionnés le 10 juin et le 23 septembre 2020, inscrivant dans l’agenda une expérimentation sur le territoire reportée à Septembre 2021.
“(…) le chanvre répond aujourd’hui aux enjeux écologiques, économiques, de réchauffement climatique et de rentabilité pour le monde agricole (…) le chanvre c’est la résilience” – Aurélien Delacroix, Président du SPC.